mercredi 21 mars 2012

POUR CELLE QUI A TANT AIME SON CHAT (Comme moi...)


Ce soir, j'écoute une chanson merveilleuse et triste, Sugar Kane d'Izia,...c'est l'histoire d'une femme qui a perdu son bébé...une voix pure qu'accompagne une musique épurée et juste...
Et ce soir, je pense à une de mes amies qui est dans la peine...elle n'a pas perdu son bébé...elle l'attend et il ne vient pas...

Nous nous sommes rencontrées en juin dernier dans un restaurant...plus précisément, nous nous connaissions du forum d'une amie commune et nous nous étions cotoyées toute la journée...mais c'est le soir que, mise côte à côte par un heureux hasard, nous avons vraiment fait connaissance. Il y a des rencontres uniques dans la vie, il y a des sensations (rares) de se connaitre déjà par coeur.
Nous partageons beaucoup de choses, elle et moi...Et en particulier l'amour d'un chat qui n'est plus là.
Je ne fais aucun comparatif ni lien avec la chanson citée plus haut, je ne fais aucun comparatif d'ailleurs...Je ne mets pas les douleurs en compétition parce que ça n'aurait pas de sens...Simplement, je sais que nous eu un chat inoubliable dans notre vie..elle a mis le sien sur son écran de téléphone, j'ai mis le mien sur le médaillon d'un pendentif...

Cette amie voudrait avoir un enfant, c'est légitime...
Cet a-m, je suis allée sur Lille avec ma fille, manger des pâtes dans un restaurant italien très bon, se faire couper les cheveux ensemble, lui acheter un t-shirt, regarder les vitrines, entrer dans les magasins...
Alors, je ne lui souhaite pas d'avoir un enfant...je lui souhaite de faire tout ça un jour...que cette réalité soit devenue si quotidienne qu'elle aura mis derrière elle toute cette attente, ces doutes, cette douleur ...cet espoir qu'il faut renouveler à chaque fois...
Ce soir, je ne peux que penser à elle et lui donner quelques idées de petites choses qui peuvent devenir des petits bonheur : laisser le soleil caresser sa joue, manger une tarte au citron sans honte, entendre le bruit du vent dans les branches, avoir envie de plein de choses dans les vitrines, essayer un nouveau rouge à lévres, se plonger dans un livre qui vous emmène, plannifier de prochaines vacances ou un w-e...

Cela ne va pas changer les choses, cela va juste l'aider à attendre...

lundi 19 mars 2012

La quête désespérée de la grenade et l'art délicat de manger des spaghettis



Samedi, mûe par un désir de suivre une recette de Nigella, j'ai cherché une bonne façon de faire de mes magrets de canard un repas succulent, j'ai trouvé une salade, petite merveille de simplicité, avec de la menthe (que j'avais achetée en grosse quantité vendredi par excés d'optimisme), dont il ne me manquait qu'un ingrédient : une grenade. Facile.
En parallèle, mon mari étant parti aider un ami à déménager, j'ai décidé d'emmener ma fille dans un magasin que j'affectionne à Tournai, parce que j'y trouve les marques françaises et belges dont j'aime l'habiller et surtout des petites chaussures rigolottes ET SOLIDES. Il faut dire que j'ai réussi à canaliser les tendances des mamies à lui acheter, en quantité, des chaussures qui défient le bon sens et sont une torture pour les parents qui doivent les enfiler chaque jour à leur enfant chérie ; sans compter qu'elles oscillent entre le mauvais goût et la chaussure orthopédique. Je veux bien qu'elles se sentent utiles (en payant) mais c'est définitivement moi qui choisit.
La matinée s'annonçait donc belle et sans nuages.
Je savais que Tournai allait être animée par le carnaval, mais j'espèrais que la fin de matinée serait encore calme. Nous voilà donc parties, pas trop en retard pour une fois : ma chérie suffisamment motivée avait enfilé ses vêtements sans trop d'intermédes ludiques et en plus, elle était jolie comme tout. Au point que j'avais accordé qu'elle choisisse ses chaussures, en l'occurence des nu-pieds orange à papillons sur des collants beige à rayures bleues...croyez-le ou non mais..."ça le faisait"...un chouia "bobo" mais on ne va pas se plaindre. 
Bref, je devais faire une brève incursion dans le rayon fruits et légumes du supermarché avant de voguer le coeur léger vers Tournai....
Mais il y a des journées qui ne se déroulent jamais comme prévu, quoi que vous fassiez pour conjurer le sort ou remettre les événements dans le bon sens. Je vous explique : j'ai cherché de plus en plus énervée au fur et à mesure des magasins une grenade introuvable, devenant à peine polie voire carrèment infecte. Ce qui m'agace le plus dans ses cas-là c'est que quand vous êtes dans un supermarché vous n'avez, en général, personne pour poser une simple question "avez-vous des grenades ?" (sous-entendez aussi "non ? allez donc voir au fin fond de votre entrepôt...!"), personne pour passer votre colère et vous errez au milieu du rayon...cherchant désespérement du regard ce qui aurait pu échapper à votre empressement. En général, je sors de là dans un état second...mais la panacée revient quand même à ceux qui ont le don pour ne pas comprendre voire vous proposer autre chose, je prends comme exemple mon boucher Bio (qui fait aussi fruits et légumes) : il lui a quand même fallu 5 bonnes minutes pour sortir de derrière son étal, se gratter la tête devant son frigo et me sortir un fruit en me demandant "c'est pas ça ?" (Non Régis c'est une mangue, une mangue...), "si tu veux j'ai des très beaux chou-fleurs..." (des choux-fleurs ??). Seul le mince espoir d'un maraicher à Tournai prés du magasin pour enfant m'a permis de continuer à avoir envie de vivre et à ne pas aller narguer mon poissonnier pour lui demander s'il n'a pas une belle entrecôte (oui parce que je peux demander du poisson à Régis, il en a le bougre..ah aucun respect des régles).
La route fût courte jusqu'à Tournai, Cat power et Katie Mélua me remirent les idées en place et la zénitude bien droite.
(Je fais un bref apparté : certaines personnes ne supportent pas de prendre le chemin pour aller bosser, moi, je m'en fiche, je suis sotte de Tournai et d'ailleurs j'y allais pour le plaisir bien avant d'y travailler).
L'apparition de lutins et de têtes coiffées de perruques fushia auraient dû me mettre la puce à l'oreille  et même me faire retourner sur le champs, mais j'avais DECIDE d'aller chercher des chaussures. Aprés avoir perdu presque 20 minutes à chercher une place pour me garer (ce n'est pas qu'il n'y en avait pas, c'était juste interdit partout), être revenue au point de départ, j'ai décidé de faire marcher (trop) une petite fille qui commençait à ronchonner. Sur la place, un homme à haut de forme proposait des bonbons aux enfants, le sourire allait presque me revenir quand ce crétin m'a aspergée de confettis. J'étais trop pressée pour lui faire repasser l'alcool par le nez (et dire qu'il n'était pas midi)...et bien entendu j'ai pu constater de mes yeux...que le magasin était fermé (c'est curieux mais je me fichais complétement de ma grenade à ce moment-là)...La pluie commençait à tomber et ma chérie avait des airs à vouloir faire la sieste dans la rue...dans ces cas-là, il faut contrer le sort et adopter une attitude totalement inattendue : prendre son temps. J'ai pris ma fille dans les bras et au contact de sa petite joue, j'ai trouvé comment obtenir la satisfaction que cette journée était censée m'apporter. Une fois revenue chez moi et avoir tenté, en vain, de joindre mon chéri pendant une heure pour savoir quand il pensait rentrer, j'ai pris ma décision : j'ai demandé à ma fille, pour la rhétorique, si ça la tentait d'aller manger au restaurant et nous sommes parties sur Lille.
(comme je peux parfois me mentir à moi-même, la semaine précédente mon chéri m'avait fait découvrir un  restaurant italien très bon...avec une fabuleuse tarte au citron...).
Devant mon assiette d'antipastis, je me suis brusquement souvenue que je devais 10 minutes plus tard emmener mon chaton chez le vétérinaire, le rendez-vous était pris depuis 15 jours, j'ai tenté pendant quelques minutes de me connecter avec mon portable pour trouver le numéro de la clinique et m'excuser...mais bien entendu batterie s'est déchargée, alors j'ai rangé le téléphone au fond du sac et je me suis concentrée sur ma fille...c'est alors que le miracle s'est produit : elle avait choisi des spaghettis  et tentait maladroitement de les enrouler autour de sa fourchette...j'aurais pu lui donner la becquée, non j'ai décidé de lui montrer et montrer et encore montrer jusqu'à ce que le résultat soit... très satisfaisant, en fait ! Je peux difficilement vous expliquer l'état de bonheur dans lequel j'étais pendant tout ce repas, il y a quelque chose de l'ordre de la grâce à apprendre quelque chose à son enfant...(et vous savez ces petites choses simples et magiques qui défont les noeuds de l'existence)...En plus, elle m'a complétement fait sourire quand elle a dit au moment du dessert "Mais Maman, la semaine dernière on n'avait pas demandé au Monsieur ce que c'était que le Pinguinos au chocolat ". Je vous livre la réponse qu'on m'a faite "vous connaissez le kinder Pingui ? et bien là c'est nous qui le faisons et c'est bon". Oui c'est vraiment bon, surtout quand on le met au milieu de la table et qu'on le fait disparaitre à deux cuillères.
Plus tard, elle a choisi des chaussures rouges avec des cupcakes sur les côtés, qu'elle a voulu garder aux pieds ("ça lui donne un petit air Bobo", m'a dit la vendeuse...décidément...). Elle était vraiment ravissante dans son manteau bleu, elle a regardé les vêtements et les vitrines avec moi, elle a été un ange (le serveur m'avait dit au moment de l'addition "qu'est-ce qu'elle est sage"...et aussi "vous savez que vous avez des confettis dans les cheveux ??").
J'en ai profité pour aller chez Parent, le meilleur maraicher de Lille (ben oui...la grenade) où j'ai appris et bien pris que "ce n'est plus la saison Madame" (en même temps, dans la mesure où ça vient d'un pays exotique, comment ça peut ne pas pousser toute l'année ?*), et devant la mine gourmande de ma fille je n'ai pas été en état psychologique de refuser une barquette de fraises à 8, 50 euros (énormes les fraises et les deux qu'elle m'a laissé étaient très bonnes).
Nous sommes rentrées de Charmante humeur chez nous, pour constater que nous avions raté de peu le retour de mon Chéri, qui n'avait pas les clefs, n'avait pas mangé mais pas rancunier avait taillé les rosiers pendant presque 4 heures (et le soir il a classé, plié et rangé tous les vêtements que j'avais posé sur le lit), comme quoi, il ne faut jamais désespérer de l'espèce humaine.
Le soir, j'ai remplacé la grenade de la recette par des groseilles que j'avais achetées chez Parent...c'était mieux en fait...


* Depuis, j'ai appris que la grenade est cueillie de septembre à décembre...