vendredi 17 février 2012

Pourquoi est-ce qu'on ne s'habillerait pas comme dans les années 40 ?





Cette réflexion m'est venue en regardant il y a deux jours un inédit d'Hercule Poirot (Les pendules, si ça intéresse quelqu'un) et j'avoue être tombée en amour devant les tenues que portait l'héroïne. Des petites vestes cintrées, des petits chapeaux et des tailleurs hyper féminins. Ceci a été renforcé ce matin quand je suis tombée sur « rendez-vous avec la mort » qui se déroule à la même période en Syrie. Je vous donne ces détails car cela m’a mis devant les yeux le même type de tenue mais en été. Et j’ai vraiment été sensible à ces petites robes simples mais si bien coupées, des gants et encore des chapeaux… (Même si on est d’accord, je n’ai pas la morphologie pour porter des jupes à mi-mollets…encore que…après tout à l’époque ce n’était pas forcément des géantes).
Bien-entendu chacune d’entre nous aurait certainement l’air ridicule si nous reprenions la tenue telle qu’elle, quoique dans les très grandes villes, personne ne porte autant attention que dans les patelins pourris où j’ai toujours vécu. Il est vrai aussi que les petites touches de vrai rouge sur des ongles courts et des rouges à lèvres rouge de rouge que j’ai vu dans ces histoires sont tout à fait dans la tendance.

Pour être tout à fait honnête, cette idée avait été amorcée quand Miss Lulu pourvoyeuse de poudre (magique) avait présenté avec un enthousiasme partagé une partie de la collection de cette marque hyper féminine (dont j’ai oublié le nom). Ma connaissance des adaptations pour le cinéma et la télévision des romans et nouvelles de Dame Agatha me laisse penser qu’il s’agirait davantage des années 30…mais on ne va pas chipoter : j'adore la façon dont Tuppence est habillée et on retrouve deux constantes dans ces époques: l’hyper féminité et cette impression que toute pièce a été coupée pour sa destinatrice. Elle en avait peu (on parle de la classe moyenne) mais cela lui allait bien.

J’ai longtemps cherché à marier un aspect suranné à la mode du moment. Je n’ai pas la prétention d’être à la mode. D’ailleurs, je ne l’ai jamais eu. J’ai été élevée en province, dans des petites villes où la mode arrivait à pieds (donc avec quelques années de retard) et à une époque où être à la mode était beaucoup plus inaccessible mais paradoxalement plus simple. Je m’explique : il suffisait de montrer quelque marque sur le jean, le pull ou le blouson et l’affaire était faite. En même temps, Chipie ou Chevignon, par exemple était pour moi (et beaucoup de collégiens et lycéens de mon entourage) l’équivalent de D&G ou Prada aujourd’hui…j’exagère mais pas tant que ça. Je ne veux pas crier misère, mes parents n’étaient pas dans le besoin, mais j’ai tendance à répéter que sur l’ensemble de mes années de lycée j’ai eu un jean Liberto et une paire de creeks comme fringues, on va dire un peu haut de gamme. Et j’étais très fière de les avoir.
Comparativement, à l’époque actuelle, cela équivaudrait à ce qu’une lycéenne dépense (ou fait dépenser) en un mois. J’exagère un peu de nouveau, mais vous voyez ce que je veux dire ? A chaque fois que je vois la baby-sitter de ma fille, cela me frappe : des cheveux jusqu’aux ongles, en passant par le sac, les bijoux, le blouson et les fringues que je ne vais pas détailler, il lui « faut » une multitude de détails pour être « dans la norme » (car elles se ressemblent toutes les petites minettes fraîches de son âge : la mèche bien brushée, le grand sac, le blouson court…). Et, je ne crois pas que ces parents soient richissimes, alors comment fait-elle ou font-ils pour subvenir à de tels besoins ?

Je vous ramène encore en arrière, surtout celles qui ont été ado dans les années 80 et début 90 : l’argent de poche était de l’ordre de 100 francs (en tous cas c’était ce qu’avait une de mes copines, moi j’ai mis 10 ans à les obtenir vu que mes parents voulaient tout contrôler) et je n’ai vraiment pas ruiné mes parents en coiffeur (en même temps je ne voulais pas qu’on me coupe les cheveux), mais le « must » dans mon entourage c’était d’avoir une permanente et quand elles en avaient deux dans l’année c’était Byzance. (Oui, je me souviens, sur certaines cela avait une petite touche caniche qui n’a jamais été reproduite depuis…heureusement). Allez, maintenant, donner 15 euros d’argent de poche à un ado, ça va le faire rire…ou le fâcher…oui l’augmentation du coût de la vie d’accord mais combien ? 80…100…150 euros ? Quand Candice sera ado, la norme sera à combien ?

La norme maintenant, c’est la marque pour tout. Celle qui est très chère (pour ce que c’est, comme toutes les marques « Bobos » style Zadig et Voltaire, Maje ou Sandro), celle qui est à la mode (converse qui a connu des années d’oubli est redevenu un indispensable) et celle qui sort du lot (là, je fais appel à toutes celles qui vivent dans les très grandes villes pour me donner des noms...vous savez ces marques de créateurs pas encore connues, sauf d’un milieu très « pointu »). Tout ça à la fois. Et moi, ça me dépasse. Vraiment. En plus, je me reconnais de moins en moins dans cette mode qui nous vient des Etats-Unis. Je ne parle pas des marques et je ne porte aucun jugement. Cela m’a frappée hier alors que je regardais quelques épisodes de Sex and the City : cette façon d’associer tout et n’importe quoi c’est ce qu’on voit maintenant dans les défilés et sur les « modeuses » (oui ben j’ai Paris première quand même au fond de ma cambrousse).
Bon, une petite pique quand même : les filles dans SATC me rappellent toujours ce que j’avais lu dans un article français (pourtant élogieux) « leur façon de s’habiller insulte en permanence le bon goût ». Quand je pense qu’ils paient quelqu’un à plein temps pour leur apporter un « style »…bon, on va se limiter à dire que nous sommes deux nations différentes et s’arrêter là*.

Enfin, je n’ai plus la taille de mes 20 ans, je n’ai pas la taille d’un mannequin et j’ai finalement peu de temps pour m’habiller et si possible que cela me mette en valeur. Cet hiver j’ai acheté un adorable petit gilet en fausse fourrure à ma fille. La fourrure vient de Tissavel (c’est une société du nord qui fabrique des fausses fourrures, de toute beauté et à s’y méprendre, pour la haute couture mais à un coût bien moindre). Bref, j’ai envie de me faire faire le même. C’est compliqué pour cette année mais est-ce que ce ne serait pas la bonne solution : plutôt que de remplir mon placard de fringues qui ne me vont pas vraiment et qui sont déjà démodées le mois suivant, est-ce que je ne ferais pas mieux de repérer quelques belles pièces et de les faire faire à mes mesures ?

Et tant qu’à faire, est-ce que je n’irais pas chercher l’inspiration dans les années 40 ?

* Aprés tout c'est de bonne guerre. Dans la série, il y a un parfum anti-européen qui sent mauvais : le fromage français leur provoque des intoxications alimentaires, à Paris miss Carrie vient "pour se faire larguer" et les rues sont pleines de merde de chien...

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